Exposition « Cimetières et crématoires en Europe. Espaces publics et expressions d’appartenance » à Luxembourg-Ville du 1er octobre au 15 novembre 2021

Alors que le frimas matinal annonce les premiers jours de novembre traditionnellement dédiés au souvenir des morts dans le monde chrétien, l’Institut d’Histoire de l’Université du Luxembourg invite à découvrir à Luxembourg-Ville une exposition « à ciel ouvert » évoquant diverses facettes du culte des morts.  « Cimetières et crématoires en Europe. Espaces publics et expressions d’appartenance » aborde un sujet plutôt tabouisé, la thématique de la mort ayant été largement évacuée de la vie quotidienne au cours des dernières décennies du XXe siècle. L’endroit retenu pour mettre en place les dix panneaux d’exposition – il fait face au Monument du souvenir Gëlle Fra et se love entre la cathédrale et le monument dédié aux victimes de la Shoah – a une forte charge mémorielle. Tout en étant très fréquenté, il offre de ce fait un cadre digne à ce projet hors du commun.

En effet, même si les expositions dans l’espace public ne constituent pas une nouveauté – rappelons à titre d’exemple les installations régulières du Musée national de la Résistance à Esch/Alzette – elles restent à maints égards une gageure (vindicte, vandalisme, vols …). Cependant, depuis que la pandémie a limité l’accès aux musées, ce mode d’exposition semble avoir le vent en poupe. La capitale propose actuellement sur son territoire plusieurs présentations dans l’espace public. Il s’agit en l’occurrence d’un développement dont on ne peut que se féliciter. Les expositions « à ciel ouvert » offrent en effet à des passantes et des passants qui par ailleurs n’ont peut-être ni loisir, ni envie de se rendre dans un musée, l’opportunité d’une découverte impromptue. L’Institut d’Histoire met ainsi à disposition de la société les résultats d’une recherche pointue, menée avec divers partenaires universitaires internationaux dans le cadre d’un projet Hera, financé par l’Union européenne. Il pratique donc en la matière une « histoire publique » de bon aloi. Les panneaux nous font découvrir les cimetières de la ville de Luxembourg comme espaces, voir parcs urbains, marqués à la fois par le conformisme (cadre réglementaire contraignant, uniformisation des matériaux et monuments du fait de la globalisation …) et par la diversité (multiplication des confessions, individualisation des pratiques de deuil, enterrement classique ou crémation…). Ils nous proposent un regard inattendu sur la société luxembourgeoise.

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